UN PETIT TEMOIGNAGE. LA CONNEXION A SON AME.
- ceciledumasmassage
- 14 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 mars

Ce matin, pédalant gaiement, je descends en ville pour chercher mon exemplaire commandé du livre de mon cher ami François Bonnal La connexion à son âme. Je me réjouis à l’idée de bientôt regoûter à cette pépite à la fois petite et immense, revue et remaniée fraîchement après déjà 5 ans depuis sa première sortie. Au sortir de la librairie, mon petit paquet en poche, toujours pédalant, je parcours le centre ville à la recherche d’une table de café agréable où me poser pour savourer les premières pages en sirotant un café. J’entends de-ci de-là des éclats de mots qui colorent les ambiances que je traverse en volant presque sur mes pédales. Ce sont surtout, je dois dire, des bouts de pensées fermées, des mots carrés, je les laisse derrière. J’entends un « Va-t-en, créature malfaisante », déversé sur un mendiant notoire qui fait le dos rond et continue son entreprise avec la personne suivante. Je continue à filer comme une flèche vers l’endroit qui m’appellera. Mince, j’ai fait le tour de l’hyper centre et aucun endroit ne m’a arrêtée. Je choisis de rejoindre les bons platanes du Café de la Poste. Une jolie petite table mi-ombre mi-soleil me fait de l’œil, un peu serrée avec les voisins mais tant pis. Je m’encastre là et une fois en place, c’est plutôt confortable. Je commande une salade et je m’apprête à savourer la Connexion ravivée. J’en salive presque. Je défais l’agrafe qui ferme le sac en papier de la librairie.
« Quand j’étais petite on m’a fait manger mon lapin, et depuis j’en mange plus jamais ».
Les mots de la table voisine font partie de l’environnement sonore mais je plonge dans la lecture du 4ème de couverture, puis j’ouvre à la première page.
« A vous tous, chercheurs de lumière, à vous qui souhaitez vous dénuer de tout ce qui n’est pas l’essentiel. »
« Monsieur vous aurez pas 10 centimes?
-Tiens, je te donne un euro ».
J’entame la nouvelle préface réécrite par Ludivine Santana-Guéry.
« Chères âmes, si vous saviez comme je me sens bénie et heureuse d’ouvrir le ciel de cette œuvre étoilée »
« Donnez-moi un euro cinquante, comme ça je peux prendre un café. »
C’est le mendiant professionnel de tout à l’heure. Il va arriver à ma table et je ne lui donnerai rien. J’ai déjà eu affaire à lui des dizaines de fois, durant de nombreuses années, quand je vivais dans le centre ville.
-"Ici c’est pas un euro cinquante le café, c’est un euro quatre vingt.
-Alors il en manque, donnez-moi encore trente centimes."
Je me dis qu’il est vraiment gonflé.
-"Tiens, je t’ai donné deux euros. »
« La lecture de La connexion à son âme est un soin à part entière et une invitation au dépouillement personnel. L’urgence de sonder l’eau pure de nos pro…»
« (toujours à la table voisine) et vous madame, vous aurez pas 10 centimes?
-Oh, t’es dur, là !»
-(à moi) « Madame, vous avez dix centimes?
-(moi) Bah non, vous l’avez eu votre café! »
- (le serveur) Allez, allez monsieur , allez faire ça ailleurs !"
« Puisse La connexion à son âme éteindre les lumières factices de l’artifice doré de notre société qui tourne en rond afin d’allumer un soleil rad… »
« -Tu vois cet homme, y demande de l’argent à tout le monde toute la journée, avant je le jugeais mais maintenant je le juge plus, on est des humains, il faut pas se juger, quand t’as compris ça, tout va mieux ! On sait pas ce qu’il vit à l’intérieur, moi des fois je mange beaucoup de nourriture pour me faire plaisir, lui il mendie, c’est peut-être une maladie…
-Exactement, moi je me prends plus la tête, si je peux donner je donne, si je peux pas, bah des fois je peux pas, mais si je peux donner… parce que qu’est-ce que j’en sais moi, de son histoire ? On est humains, c’est tout. J’espère qu’il va aller mieux. »
Là, je réalise que je suis en train de lire « La connexion à son âme » avec le cœur tout rétracté, tout fermé envers cet être. Alors que mes voisins de table, n'ont pas de livre en main, dans leurs mains ils alternent entre verre de rouge et cigarette roulée et ils s'en servent aussi pour donner et redonner des pièces à cet homme, en s’abstenant de tout jugement à son égard et en faisant de bons souhaits pour lui et pour l’humanité. Je pose mon livre et j’écoute leurs propos. Ils ont glissé dans le sujet, parlent des émotions que nous ne devrions pas réprimer, des hommes et des femmes qui savent pleurer devant quelqu’un, qui osent dire leur tristesse quand elle est là, de ceux qui retiennent tout et tombent malades, comme cet homme peut-être qui sait, et puis des mots qu’on dit, qui peuvent être comme des malédictions. Dans leurs mots, simples, qui coulent avec une fluidité déconcertante, c’est le cœur de la Vie que j’entends. Je me suis assise à côté d’une source jaillissante. C'est Versailles sous les platanes! Je prends ma douche, c’est délicieux. Merci mes frères. J’admire la beauté du Vivant en eux. Et autour de nous. Je remercie la Vie de pouvoir la voir. Je leur partage mon expérience, mon émotion, et leur exprime ma gratitude. Je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Ils sont touchés à leur tour. Je perçois comme des scintillements dans leur cœur. C’est si beau! On discute un peu plus, je leur offre le livre. Je sais qu’ils pourront s’y reconnaître. Je le souhaite.
Nous arrivons à un dénouement, je règle mon repas et je vole à vélo vers la librairie pour me racheter un exemplaire. Ils n’en ont plus! Le livre est sorti le 7. Nous sommes le 10 et ils ont déjà tout vendu. Comme La connexion se répand! Je pousse jusqu’à une autre de mes librairies préférées et trouve mon exemplaire dans une pile de trois. Je demande un papier cadeau, pour le plaisir.
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